mercredi 31 mars 2010

L'impératrice des éthérés


L'impératrice des éthérés - Laura Gallego Garcia

Il s'agit d'un partenariat proposé par BoB et les éditions BAAM. La règle du jeu : lire le livre à deux, maman et enfant et vous livrer nos impressions de lecture... Tout d'abord, l'avis de Doriane (la vraie ! ma fille) :

Les habitants des cavernes mènent une vie paisible jusqu'au jour où Nebla, la maman d'Aer, raconte une histoire aux enfants à propos d'un certain royaume fait de glace et de son impératrice. Aer sait que son père est parti là-bas et se dispute avec Bipa qui pense que ce royaume n'existe pas. Devenu adulte, Aer décide d'essayer de retrouver son père. Au bout de quelques jours, Bipa se résout à le retrouver pour lui prouver que le palais et l'impératrice n'existent pas. Elle sera aidée par un golem de neige. Va-t'elle y arriver ? (Doriane, 11ans en classe de 6e)

Mon avis :
J'ai bien aimé dès les premières pages (j'ai lu 80 pages dès le premier jour !).  J'étais captivée et j'avais du mal à poser le livre pour faire autre chose. Juste un petit reproche : je me doutais un peu de ce qui allait se passer à la fin. Il est agréable à lire, je le recommanderai aux enfants entre 11 ans et 13 ans.

A mon tour...

Dans un futur non daté, un froid glacial recouvre la Terre, les hommes vivent dans des cavernes... Une légende prétend qu'au délà des immensités neigeuses existe un royaume de glace gouverné par une impératrice mystérieuse. Aer ne pense qu'à ça, son père est parti à la recherche de cette impératrice et le seul désir du petit garçon est de l'y rejoindre. Bipa, elle, est beaucoup plus terre à terre, mais le jour où Aer disparaît elle part à sa recherche.

Un livre court qui se dévore, l'écriture est fluide, les personnages un peu survolés à mon avis, mais les décors sont très bien dépeints. Les personnages des golems sont originaux et, si la fin est prévisible, le chemin pour y parvenir est réellement original ! Un bon livre jeunesse.

mercredi 24 mars 2010

Suivez-moi-jeune-homme*


Suivez-moi-jeune-homme de Yaël Hassan

A lire sans barguigner dès potron-minet ou à la brune

En 2004, Bernard Pivot sortait "100 mots à sauver". Le principe ? travailler à sauver les mots en péril, ces pauvres mots qui, faute d'être utilisés, disparaissent de nos dictionnaires. Les potineuses se souviennent que, quotidiennement, nous décortiquions un de ces mots, les utilisions à l'envi et j'aime à croire que certains sont restés dans nos mémoires : potiner n'est pas le moindre ! (même si potinette ou potineuse sont des néologismes).

Autant vous dire que la couverture de ce petit livre Jeunesse a attiré mon oeil à la biblio ! Ribote, Matutinal (cher à Méria il me semble), clampin ou scrogneugneu ornent la couverture. Yaël Hassan a pris le parti d'utiliser ces 100 mots (et a poussé la fantaisie à en ajouter un 101e) dans un roman destiné à la jeunesse.

Trop de mots sont en péril, déclinent, défaillent, se rabougrissent, se précarisent ou tirent carrément leur révérence sans tambour ni trompette. Sans parler de nos conjugaisons dont certains temps les plus prestigieux sont passés à la trappe.

L'histoire : Thomas fait la connaissance de son nouveau voisin, Monsieur Pavot (!), lequel se présente comme "un résistant", son vocabulaire est truffé des mots incompréhensibles pour le jeune collégien. Intrigué par cet énergumène, il essaie d'en savoir davantage.

L'histoire est amusante, chaque mot à sauver est accompagné d'un renvoi en bas de page qui l'associe à un synonyme. Une belle initiative, accessible à mon avis aux enfants à partir de 10 ans, ma petiote a beaucoup aimé.

- Mais comment faire pour les sauver ?...
- En les utilisant ! Ou plutôt en les réutilisant. Il s'agirait de réintroduire ces mots dans le langage, tout simplement ! On adopte un mot, et on l'utilise à tire-larigot chez la boulangère, la poissonnière, qui le resserviront à leurs clients... Et le tour sera joué !

Quant à moi, j'ai adoré retrouver ces mots délicieux : Coquecigrue (connu par mes zozos grâce à Harry Potter !), débagouler ou torche-cul (imagés !), derechef, s'esbigner, gourgandine ou bien encore saperlipopette, et que dire de ce "rastaquouère" que mon grand-père utilisait si souvent !

La beauté d'un mot, Thomas, c'est sa singularité, sa musicalité, sa rareté, sa résonnance, sa consonnance, sa couleur, son exotisme...

* Suivez-moi-jeune-homme = rubans de chapeaux qui flottent au vent

vendredi 19 mars 2010

Un cheval, au moins, c'est humain, Bon Dieu.


L'Attrape-coeurs de JD Salinger

Holden Caulfield est encore renvoyé de son école, il s'enfuit et erre deux jours dans les rues de New-York en attendant la date prévue de son retour chez ses parents. Il parle de son mal-être et de ses rapports avec les autres.

Deux essais infructueux avec ce livre, abandonné à chaque fois au bout d'une trentaine de pages ! Il a fallu qu'il soit choisi par un Club de Lecture "live" auquel j'avais très envie de participer, qu'une des lectrices soit une copine virtuelle depuis des années et me fasse miroiter une rencontre "en vrai" pour que je me lance dans une troisième tentative pour lire ce "chef-d'oeuvre de la littérature américaine".

Eh bien, j'ai eu tout autant de difficultés à accrocher que les fois précédentes ! Je déteste ce style argotique et j'ai peiné chaque jour pour finir les quelques 250 pages. Je sais, c'est mon gros défaut, je n'aime pas du tout les livres écrits en langage familier (j'avais fait le même reproche à "kiffe kiffe demain").
Je regrette de ne pas lire mieux en anglais, je vous cite quelques extraits lus chez les Rats de Biblio : "la traduction des expressions est navrante... Caulfield devient une espèce d'ado ridicule" ; "il faut le lire en anglais ou ne pas le lire" ; "la version française en sort appauvrie".
Il semblerait qu'il y ait eu deux traducteurs : Jean-Baptiste Rossi (mieux connu sous le nom de Sébastien Japrisot) et Annie Saumon (c'est la version que j'ai lue).

J'ai dit "Ouah". Parce que, aussi, je dis "Ouah". En partie parce que j'ai un vocabulaire à la noix et en partie parce que souvent j'agis comme si j'étais plus jeune que mon âge, j'avais seize ans à l'époque et maintenant j'en ai dix-sept et quelqeufois j'agis comme si j'en avais dans les treize. Et le plus marrant c'est que je mesure un mètre quatre-vingt-six et que j'ai des cheveux blancs.  Sans blague. Sur un côté de ma tête - le côté droit - y a des millions de cheveux blancs. Je les ai depuis que je suis môme. Et pourtant j'agis quelquefois comme si j'avais dans les douze ans ; tout le monde le dit, spécialement mon père. C'est un peu vrai. Mais pas vrai cent pour cent . Les gens pensent toujours que ce qui est vrai est vrai cent pour cent. Je m'en balance, sauf que ça finit par m'assommer quand les gens me disent que tout de même, à ton âge... Ca m'arrive aussi d'agir comme si j'étais plus vieux que mon âge - oui, oui, ça m'arrive - mais les gens le remarquent jamais. Les gens remarquent jamais rien .

L'auteur parle ici de l'adolescence, cette période si difficile à vivre, entre peurs, questionnements ou révoltes. Le jeune héros essaie de se dépêtrer de ses souffrances, n'arrive pas à comprendre la société et ses hypocrisies. Il m'a semblé émouvant, on le sens intelligent et le lecteur partage son malaise tout en se disant qu'il a toutes les armes pour s'en sortir. Mais parfois, il me semble trop adulte pour être crédible (là, je vais m'attirer les foudres des fans de Salinger), j'ai trouvé que l'auteur "dérapait" parfois et n'arrivait pas à vraiment se mettre dans la peau de Caulfield. Ce n'est qu'au chapitre 17 (soit à plus de la moitié du livre) que j'ai commencé à y trouver de l'intérêt !

Ben, moi je déteste. Ouah, c'est fou ce que je déteste... Je déteste vivre à New York et tout. Les taxis et les bus de Madison Avenue, avec les chauffeurs et tout qu'arrêtent pas de gueuler après vous pour qu'on sorte par l'arrière, et rencontrer des types à la con ... et se faire trimballer dans l'ascenseur vers le haut et vers le bas quand on voudrait seulement en sortir,...

Malgré mon manque d'enthousiasme vis à vis de ce livre (toujours ce style qui me rebute tant), je n'ai pu m'empêcher de m'attacher à ce jeune garçon, j'ai eu envie de lui insuffler l'espoir qui lui manque tant et lui assurer qu'il est tout à fait capable de se construire une vie à son image.

Mais, décidément, je persiste et signe : pas un "chef d'oeuvre" pour moi, j'ai trouvé ce livre pénible à lire et bien long... Je suis frustrée mais bien contente d'y être enfin arrivé à bout !!!


mardi 16 mars 2010

Une histoire de femmes...


Compartiment pour dames - Anita Nair

"Jusqu'au début des années 1998, il existait un guichet réservé aux dames, aux personnes âgées et aux handicapés à la gare du Cantonnement à Bangalore. Et sur la plupart des trains de nuit on trouvait des compartiments pour dames dans les wagons de seconde classe."


Je n'apprécie pas particulièrement la littérature indienne, mais le thème était à l'honneur sur le forum du Club des Rats et j'avais noté ce titre qui avait recueilli des éloges unanimes...

Akhila, 45 ans, a besoin de faire le point sur sa vie. Depuis toujours elle est au service de sa famille et se demande si elle n'est pas passée à côté de son destin. Elle part  "au bout du (de son)  monde" pour réfléchir sur elle-même, ses désirs les plus profonds... En chemin, elle croise le destin de 5 autres femmes, partage leur expérience et tente de trouver un sens à sa vie.

Bien évidemment, il est question ici de la femme indienne, de sa place dans la société. Mais au-delà de cette histoire on retrouve l'enfant, la mère, l'amante, la femme qui, chacune, essaie de se sentir à sa place. Entre mari, enfants, famille, la femme essaie de se réaliser pour elle-même ! de penser à ses aspirations profondes.

Un livre bouleversant pour moi qui est tombé à point nommé dans ma vie. J'en ai savouré chaque page (ça faisait longtemps que je n'avais pas été aussi longue dans la lecture d'un livre !). Ces femmes sont émouvantes, elles essaient de satisfaire leur entourage, puis décident de penser à elles, de se réaliser en faisant fi des autres ! elles s'émancipent ! Une belle leçon de courage et d'amour de la vie !

On y cotoie les absurdités de la société indienne :  
Puis il y avait le congé maternité. Les employées du gouvernement avaient droit au congé maternité seulement pour les deux premières grossesses. Ensuite, le seul congé autorisé était celui leur permettant de subir une IVG. Et enfin, les appartements. Au moins, c'était plus sensé que les mesures des années précédentes : conduire de force des hommes de tous âges dans des centres de planning familial et les soumettre contre leur gré à une vasectomie.

On partage la vie d'Akhila, à la recherche de son bonheur :

Que si Akhila brûlait de trouver un homme et de laisser ses sens libres d'explorer et de chercher l'assouvissement, que si elle souhaitait qu'un homme l'aime assez pour remplir ses silences et tout partager avec elle, elle ne voulait pas d'un mari. Elle ne voulait pas redevenir un simple prolongement.

Un roman émouvant, toutes ces femmes courageuses engoncées dans une vie où elles ne se retrouvent pas ! on leur souhaite le plus bel avenir ! Un gros coup de coeur !

De nombreux avis chez BoB

lundi 1 mars 2010

Lectures de Février


Voici venu le moment de vous parler de mes lectures non chroniquées...

Natures Mortes au Vatican de Michèle Barrière
J'étais impatiente de lire ce nouvel opus où l'on retrouvait notre cher François, héros de Meurtres à la pomme d'or... Nous sommes à présent dans les cuisines du Vatican, François participe à l'élaboration du célèbre Opéra de Scappi , une référence en matière de livre de recettes ! On y croise Arcimboldo, la famille Orsini, un pape bien austère et les sages Calvinistes de Genève. Une aventure moins palpitante que les précédentes, l'intrigue policière est toujours aussi ténue mais le contexte historique m'a semblé moins intéressant (exceptée la fin où l'on partage la vie des protestants genevoix) et l'aspect gastronomique m'a semblé moins appétissant... Un autre "détail", j'ai croisé l'adjectif "abracadabrandesque" pendant ma lecture ! pas très "historique", n'est-il pas ? Mieux vaut se contenter des deux premiers livres...

Les saisons de la solitude de Joseph Boyden
J'ai honte ! Un roman qui mérite un billet pour lui tout seul mais je n'ai pas l'inspiration "pour" ! J'avais été bouleversée par le premier roman de Boyden : Le chemin des âmes, à priori pas du tout le genre de roman que j'aime et pourtant j'en garde un souvenir marquant. Ici, pas vraiment une suite, mais on partage la vie du fils d'un des héros du "chemin des âmes". Là encore, une histoire à deux voix, le récit de ces indiens pris en étau entre la vie moderne et leur culture traditionnelle. Une écriture simple mais si évocatrice, je me suis laissée embarquer dans cette histoire familiale tantôt tragique, tantôt cocasse. Un écrivain à suivre, sans nul doute !